lundi 16 mars 2009

Le 6437 ne répond plus

Ca y est, j'ai définitivement quitté l'armement pour la culture. J'ai quitté un bureau de ministre pour un ordinateur vieux de dix ans, coincé entre deux imprimantes, une photocopieuse lasR et un énorme massicot dont la lame tranchante rythme désormais mes journées.

Ce mois de mars a vu beaucoup de changement. La neige a fait une courte mais intense apparition à DC en recouvrant délicatement toute la ville de 20 cm d'une poudreuse qui s'est vite transformée en verglas. Batailles de neige et chutes au programme. Trois jours plus tard il faisait 20° et on pouvait bruncher en T-Shirt sur la tRasse. Je ne comprends décidément rien au temps de l'autre côté de l'Atlantique.

Du changement il y en a eu aussi dans la coloc, avec l'arrivée d'Andrew, Californien de son état (Etat?...) et futur sommelier. Sans doute le seul Américain que je connaisse qui sache diffRencier une piquette estampillée France, dont la seule appellation fait briller les yeux des locaux, d'une vraie bonne bouteille. Il a d'ailleurs vite gagné son surnom puisque tout le monde l'appelle désormais Picole.

Une arrivée faisant souvent suite à un départ, c'est Rémy qui a fait ses valises après dix mois de bons et loyaux services à l'Ambassade. Dix mois dont six à CalvRt.

Six mois d'une entente devenue inébranlable et d'une complicité de tous les jours.

Tout a débuté un soir de septembre. Rencontre improbable avec l'Emyr dans une maison un peu crade de GlovR Park, avec Dave, Christian et Elsa. Et puis très vite Dave s'en va et emporte tout. Les assiettes, les couvRts, la télé, le modem intRnet, les tables, le papier alu... sans prévenir. Le type habitait dans la baraque depuis 5 ans et ne nous avait jamais dit que tout lui appartenait.

Maison vide. "It is magic as long as it is not Magy"

Commence alors la vraie histoire du 3832, née d'une envie commune de repartir a zero pour atteindre des sommets. La maison est rapidement devenue un lieu incontournable de la vie des stagiRres de l'Ambassade. Elle était poussiReuse et usée, on en a fait un Palace. Depuis octobre la maison vit, ce qui n'était sans doute pas arrivé depuis longtemps. Rém, Grenad', Drew, Picole; les réguliers: Charlotte, Flo et Salut et tous les autres intermittents de la bringue, tous ont un jour franchi le pas de la porte. Le casting est audacieux mais le résultat déboite. Aux sceptiques de la coloc je propose de passer chez nous prendre un vR, un thé, un brunch, un dîner, une option sur le canap' pour la nuit...

Beaucoup s'en souviennent encore.

Et puis brusquement l'impression que tout s'écroule. Un des piliers de la maison a disparu. Alors une autre histoire commence. Le début d'une nouvelle R. On a perdu le kéké de la baraque, le Monsieur RP de la MF. On a surtout dit au revoir à un pote qui va retrouver les planches de Deauville et les paillettes de l'événementiel.

Le poste 6437 de l'Ambassade ne répond plus,

composez le 6691.

Du changement dans l'R

lundi 9 février 2009

H.I.P H.O.P.E


L'année 2009 est déjà historique:

-17 janvier: American Idol party: soirée déguisée ''at home'' avec les venues exceptionnelles de stars internationales. On raconte que les Supremes et Diana Ross ont croisé Justin Timberlake, Gwen Stefani, Manu Chao, Marilyn Manson, David Bowie, Michael Jackson, Francis Lalanne, Claude Francois, Flavor Flav, Franz H. Pokora, les Spice Girls, Yannick Noah, Pete Doherty, M, Guy-Manuel de Homem-Christo du duo Daft Punk, John Lennon et Yoko Ono, Elvis Presley, Britney Spears et l'apparition VIP de Simon Tiemtoré. Anthologique! La Côte Est n'avait connu pareille soirée depuis bien longtemps.

- 18 janvier: les places étaient chères pour la soirée et certains n'ont pas eu la chance d'être invités à l'American Idol Party. On retrouve donc les frustrés de la veille au Lincoln Memorial pour un concert entre potes. Bruce Springsteen, John Legend, Usher, Shakira, Stevie Wonder, Mary J. Blige, U2, Will.i.am, Beyoncé, Sheryl Crow et bien d'autres se consolent en chantant devant 400 000 personnes.

-19 janvier: gala inaugural de la Black Chamber of Commerce à l'Ambassade (Smokey Robinson, ''King of Motown'' in da place!).

- 1er février: victoire historique 27-23 des Steelers de Pittsburgh sur les Cardinals de l'Arizona lors du 43e Superbowl, grâce à un touchdown monumental de Santonio Holmes 35 secondes avant la fin du match. Initiation à la vraie culture américaine pour les frenchies. Rendez-vous était donné à 14h pour passer un Superbowl Sunday avec, au menu, 4 kilos de wings, nachos, beer-pong, et paris sur les scores. Pas vraiment sûr d'avoir compris toutes les règles mais j'en retiens une: les Américains ont une résistance à la bière qui ne cesse de me surprendre.
- Neige et printemps se bousculent à Washington où le thermomètre oscille entre -20 degrés ressentis et 15 degrés et grand soleil à quelques jours d'intervalle.

- Beaucoup moins drôle mais tout aussi exceptionnel, les chiffres démentiels du chômage qui commence à avoir de sévères répercussions sur la population américaine.

Et puis toujours l'ambiance de la coloc, une première visite francaise à Washington pendant 6 jours avec le grand PIF, la valse entrainante des dîners et soirées entre stagiaires, Hairspray à Broadway, 31 décembre sur un roof new-yorkais: la vita è bella comme dirait l'autre et on profite un max.

Mais c'est bien évidemment le 20 janvier que l'Amérique a écrit l'Histoire et que toutes les télés du monde étaient braquées sur le mall de Washington. Consécration pour Barack Obama et pour toute la communauté Black américaine. Malgré le froid polaire, la fatigue et la foule impressionnante, presque 2 millions de personnes se pressent dès 6h du matin pour vivre la magie de ces instants qui font vibrer l'Amérique. J'ai rarement vu un évènement susciter autant d'émotion. Obama, 44e Président américain, élevé au rang de star internationale. Bush copieusement sifflé et Cheney, en chaise roulante, ridiculisé. Tout un symbole, une raison de plus pour les Etats-Unis d'espérer le changement, d'imaginer la fin d'un gouvernement de bras cassés et le début d'une nouvelle ère. Et brusquement la sensation qu'on y est. Oubliés les pieds gelés et les mains qui brulent, la foule se fige pendant la prestation de serment et laisse ensuite éclater sa joie. La clameur s'élève et ne s'arrêtera plus.

Et puis la parade et l'inimaginable. Dans la rue, au milieu des passants sur le chemin du retour, une distribution de tracts. J'évite, pensant à de la pub mais derrière, les plus avertis ne font pas la même erreur et nous en font profiter. Nous voilà donc partis, un ticket vert entre les mains qui devient soudainement aussi important qu'une green card, vers une place officielle devant la Maison Blanche sur Pennsylvania Avenue, au nez de ceux qui attendaient depuis 8 heures. Assis à 10 mètres de la tribune présidentielle, en face de la tribune des journalistes. On murmure qu'il est possible que Barack Obama passe devant nous en marchant avec Michelle. Dubitatifs, on attend, sous le regard vigilant des snipers qui occupent chaque rooftop des alentours. 1 heure passe puis 2 heures, immobiles et engourdis à espérer, sans vraiment trop y croire. Soudain les cris, les pleurs et les appareils photo qu'on sort frénétiquement de sa poche pour ne rien rater de l'instant. Le voilà sous nos yeux, souriant et accompagné de Madame. Tous deux sont suivis par un Joe Biden déchainé et les 15 000 participants de la parade. Mickey peut aller se rhabiller.

Déjà les problèmes arrivent avec des nominations gouvernementales qui sont mises en attente par le Congrès à cause de candidats plus ou moins réglos. On sort les vieux rats du placard. Mais qu'importe, Obama reste décontract', avoue bien volontiers qu'il ''a merdé'' sur NBC et garde son calme.

Bref l'année commence sur le chapeau d'Drew (du nom de notre coloc américain) et ce n'est sans doute pas fini puisque je me suis engagé auprès du service culturel pour bosser à l'Ambassade jusqu'au 15 juillet. Salut l'armement, bonjour Edouard Baer et Yann Tiersen, la fête de la francophonie, et la fête de la musique.

Vous êtes évidemment les bienvenus à la maison si l'envie vous prend un jour d'aller manger un hot-dog avec Michelle ou d'emmener Malia et Sasha jouer au frisbee.

Je vous embrasse et pense bien à vous

Victor